Contractions de grossesse et accouchement : à quoi s’attendre selon la science
#PARENThèse N°22
Qu’est-ce qu’une contraction utérine ?
Une contraction est une contraction involontaire du muscle utérin, ou myomètre, qui se resserre et se relâche de façon cyclique.
🔬 Ce phénomène est orchestré par :
Une stimulation hormonale (notamment l’ocytocine et les prostaglandines)
Une augmentation de la sensibilité du muscle utérin aux hormones en fin de grossesse
Un mécanisme de rétrocontrôle par les récepteurs utérins, le col de l’utérus, et le cerveau (hypothalamo-hypophysaire)
Ces contractions ont plusieurs fonctions selon leur type et le stade de la grossesse.
🔍 Les différents types de contractions : explications physiologiques
1. Les contractions de Braxton Hicks (ou “contractions d’entraînement”)
🧬 Ces contractions peuvent apparaître dès le 2e trimestre mais sont plus fréquentes au 3e trimestre.
Elles sont irrégulières, généralement indolores ou peu douloureuses, et n’agissent pas sur le col de l’utérus.
Caractéristiques :
Dureté transitoire du ventre, surtout ressentie dans la partie antérieure
Aucune progression en intensité ou fréquence
Disparition au repos ou après hydratation
🔎 Elles préparent le muscle utérin à son rôle mécanique sans entraîner le travail. Elles sont bénignes si elles restent peu fréquentes.
2. Les contractions de pré-travail ou phase de latence
Elles annoncent une phase de transition avant l’engagement actif du travail.
Elles peuvent être irrégulières ou régulières, modérées en intensité, mais commencent parfois à modifier le col (ramollissement, raccourcissement).
Durée moyenne : quelques heures à plusieurs jours selon les cas (surtout chez les primipares).
💡 Elles peuvent être très fatigantes mais sont normales.
Le collagène cervical commence à se modifier sous l’effet des hormones et de la pression des contractions.
3. Les contractions du travail actif
Ce sont les contractions qui permettent la dilatation du col utérin (effacement puis ouverture jusqu’à 10 cm) et la descente du fœtus dans le bassin.
Caractéristiques :
Régulières, fréquentes (toutes les 5 à 2 minutes)
De plus en plus longues (jusqu’à 90 secondes)
Plus douloureuses, localisées dans le bas du ventre, le dos, parfois irradiant vers les cuisses
Ne disparaissent pas avec le repos ou la position
🔬 Elles sont coordonnées par une cascade hormonale complexe, où l’ocytocine joue un rôle central, et sont influencées par l’environnement (stress, posture, confort).
🤰 Le ressenti : une expérience très variable, mais biologique
Le ressenti des contractions dépend de plusieurs facteurs :
La position fœtale (dos du bébé vers l’avant ou l’arrière)
La posture maternelle (mobilité, souplesse du bassin)
La perception de la douleur (liée au vécu, à la tolérance individuelle, au stress)
Le contexte psycho-émotionnel : un environnement rassurant favorise une meilleure tolérance à la douleur (cf. théorie de la "cascade hormonale de la naissance", Odent, 2002)
Certaines femmes décrivent une pression profonde et cyclique, d’autres une douleur en “vague” ou une sensation de crampes menstruelles très intenses.
Le seuil de douleur est hautement personnel.
🧘♀️ Accompagner physiologiquement les contractions
Les recommandations actuelles de l’OMS et de la Haute Autorité de Santé (HAS) encouragent, pendant le travail :
La mobilité libre
Les positions verticales
Les méthodes non médicamenteuses de soulagement : bain chaud, ballon, respiration consciente, massages
Ces stratégies favorisent la production d’endorphines naturelles, qui atténuent la perception de la douleur et renforcent la physiologie de l’accouchement.
💡 L’environnement calme, chaud et intime est un facteur hormonal puissant. Il favorise la production d’ocytocine… et donc l’efficacité des contractions.
🤝 Le rôle d’une doula dans l’accompagnement des contractions
Une doula n’intervient pas médicalement, mais elle joue un rôle complémentaire et essentiel dans la gestion émotionnelle et physique du travail :
Aide à reconnaître les signes du début du travail
Propose des positions physiologiques pour soulager la douleur et faciliter la descente fœtale
Favorise un environnement sécurisant et cohérent avec le rythme hormonal naturel
Soutient la mère et le/la partenaire dans la continuité (présence, écoute, guidance douce)
Le soutien émotionnel continu diminue les risques d’interventions médicales (étude Cochrane, Hodnett et al., 2013).
🧠 En résumé
Les contractions sont le moteur du travail obstétrical, mais elles peuvent débuter bien avant le jour J.
Il existe différents types de contractions, et savoir les reconnaître permet de mieux anticiper l’accouchement.
La douleur est réelle, mais elle peut être accompagnée, contenue, traversée — par des moyens physiologiques et humains.
Tu n’as pas à faire face seule : ton corps est compétent, et tu peux être entourée, informée, et soutenue.
📚 Références :
World Health Organization (WHO), Recommendations: Intrapartum care for a positive childbirth experience, 2018
Haute Autorité de Santé, Accompagnement de la grossesse physiologique, 2020
Cochrane Review, Continuous support for women during childbirth, Hodnett et al., 2013
Odent M., The Scientification of Love, 2002