Comment les neurosciences font avancer les découvertes sur les bébés
#PARENThèse N°19
Il y a quelques décennies encore, on pensait qu’un bébé ne ressentait pas la douleur.
Qu’il ne comprenait rien.
Qu’il fallait le faire pleurer pour qu’il “s’habitue”.
Aujourd’hui, les neurosciences affectives et développementales ont complètement transformé notre regard sur les tout-petits.
Et c’est une petite révolution, douce mais décisive, pour les parents comme pour les professionnels de la naissance.
Spoiler : ton bébé est bien plus compétent que ce qu’on a longtemps cru. Et ce qu’il vit dès ses premiers jours a une importance capitale.
🧬 Le cerveau du bébé : une machine ultra-sensible
À la naissance, le cerveau d’un bébé n’est pas "vide". Il est en construction rapide, mais déjà hautement réceptif :
Il possède environ 100 milliards de neurones.
Il crée plus de 1 million de connexions neuronales par seconde durant les premiers mois.
Il est câblé pour interagir, ressentir et s’adapter.
Les neurosciences ont montré que le bébé est une véritable éponge sensorielle et émotionnelle :
il capte les regards, les sons, les émotions, les rythmes, bien avant de pouvoir parler ou comprendre des mots.
D’après les données issues des recherches en neurosciences développementales (notamment celles de la Harvard University - Center on the Developing Child), le cerveau d’un jeune enfant peut former jusqu’à 1 million de nouvelles connexions neuronales par seconde dans les premières années de vie — principalement jusqu’à l’âge de 3 à 4 ans.
🔬 Ces connexions sont appelées synapses, et leur formation rapide est ce qu’on appelle la synaptogenèse. C’est ce qui permet au cerveau de s’adapter, d’apprendre, de mémoriser et de construire les fondations de ses capacités émotionnelles, sociales et cognitives.
👉 Vers 3-4 ans, le cerveau atteint environ 90 % de sa taille adulte, et commence un processus de tri :
les connexions les plus utilisées sont renforcées, les autres “élaguées”. C’est ce qu’on appelle l’élagage synaptique —
💞 L’attachement n’est pas qu’une idée douce : c’est de la biologie
Grâce aux travaux de chercheurs comme Allan Schore ou Daniel Siegel, on sait désormais que :
Le lien d’attachement modèle la structure cérébrale du bébé.
Un bébé qui se sent en sécurité développe un cerveau plus stable émotionnellement.
Les soins “suffisamment bons” permettent une maturation saine du cortex préfrontal, zone clé de la régulation émotionnelle.
En clair : les câlins, les regards attentifs, les réponses sensibles à ses pleurs ne sont pas “du luxe”. Ce sont des fondations neurologiques.
🤯 Les émotions des bébés ne sont pas “exagérées” : elles sont brutes
Le cerveau émotionnel du bébé, notamment l’amygdale, est fonctionnel dès la naissance.
Mais la partie du cerveau qui régule les émotions (le cortex préfrontal) est encore immature.
C’est pourquoi ton bébé :
Peut passer du rire aux larmes en une seconde.
Pleure parfois sans raison apparente.
A besoin de toi pour se réguler, encore et encore.
Les neurosciences montrent qu’un bébé n’est pas capricieux.
Il ressent tout, très fort, et il a besoin d’un adulte pour l’aider à “digérer” ce qu’il vit.
👀 La mémoire du bébé : plus active qu’on le pensait
On a longtemps cru que les bébés n’avaient pas de mémoire avant 3 ans.
C’est faux. Leur mémoire fonctionne différemment, mais elle est bien là.
Dès les premiers jours, un bébé peut :
Reconnaître la voix de sa mère.
Se souvenir d’une odeur familière.
Anticiper une routine sécurisante.
Cette mémoire pré-verbale est liée à ses sensations, à ses émotions, à ce qu’on appelle la mémoire implicite.
💡 Cela signifie que les premières expériences de vie laissent une empreinte durable, même si elles ne sont pas “mémorisées” comme un souvenir conscient.
🧘♀️ Et concrètement, qu’est-ce que ça change pour les parents ?
Les neurosciences ne sont pas là pour culpabiliser.
Elles sont là pour rassurer et redonner du sens à l’instinct.
Elles nous disent que :
Le lien compte plus que la perfection.
La douceur, la régularité et la présence sont des puissants “nourrissants” pour le cerveau.
Les bébés ont besoin d’être entourés, pas dressés.
Ton regard, ta voix, ton odeur… tu es son repère principal.
💛 En résumé
Les neurosciences ont mis des mots scientifiques sur ce que des générations de parents ont senti au fond d’eux-mêmes :
👉 Un bébé est une personne entière dès sa naissance.
👉 Ce qu’il vit dans ses premières semaines compte pour la vie.
👉 Et ce que tu fais, toi, parent imparfait mais aimant, a un impact bien plus profond que tu ne l’imagines.
Tu n’as pas besoin d’en faire trop.
Tu as juste besoin d’être là.
Et ça, tu sais déjà le faire.