Devenir parent : un déclic à la naissance ou un long chemin ?
#PARENThèse N°16
📦 Le jour où tu deviens parent (en théorie)
On imagine souvent que la parentalité commence le jour de la naissance.
Un cri. Un corps chaud contre le tien. Et bim : tu serais parent.
Un déclic immédiat, puissant, presque instinctif.
Mais dans la vraie vie ? C’est rarement aussi simple.
Parfois, tu ne ressens rien de spécial. Parfois tu t’écroules. Parfois tu doutes.
Et c’est OK.
Parce que devenir parent, ce n’est pas une case qu’on coche à la maternité.
C’est un processus, un chemin, une transformation parfois lente, parfois chaotique… mais profondément humaine.
🌱 Matrescence, patrescence : quand la parentalité nous transforme
Le mot “matrescence”, tu le connais ?
C’est la contraction de maternité et adolescence.
Un terme utilisé pour décrire ce passage intense, mouvant, où une femme ne devient pas seulement mère… mais aussi autre qu’elle-même.
Elle change de corps, de rôle, de place dans le monde. Elle apprend, elle doute, elle s’efface, elle renaît.
La patrescence, c’est la version paternelle ou coparentale de cette mue intérieure.
Moins visible, moins racontée… mais tout aussi réelle.
Elle peut être déclenchée par la grossesse, la naissance, le premier contact avec le bébé, ou bien plus tard.
Bref : on ne devient pas parent d’un coup. On le devient… en le vivant.
🧠 Ce que disent les neurosciences
Des études récentes montrent que le cerveau des parents se modifie profondément autour de la naissance :
Chez la mère, pendant la grossesse, les zones du cerveau liées à l’empathie, à la gestion des émotions et au lien social s’activent fortement.
Chez le coparent aussi, des changements sont observés après la naissance, notamment dans le réseau de soin et de vigilance.
Ces transformations cérébrales sont soutenues par des hormones comme :
L’ocytocine (lien et attachement)
La prolactine (soin)
Le cortisol (hypervigilance)
La dopamine (plaisir et motivation)
Mais attention : tous ces mécanismes ne garantissent pas un lien immédiat.
Ils ouvrent la voie… mais le lien se construit, dans le quotidien, les regards, les gestes, les nuits sans sommeil.
🧭 Pourquoi ce n’est pas toujours un coup de foudre
Parce que :
Tu découvres un bébé… que tu ne connaissais pas.
Tu perds tes repères.
Ton corps et ton mental sont fatigués.
Tu portes parfois des histoires lourdes ou des deuils invisibles (du bébé rêvé, d’un accouchement idéalisé, de ton "toi d’avant").
Et aussi parce que l’amour parental n’est pas automatique. Il est relationnel.
Il pousse dans le terrain de la rencontre, de l’inattendu, de l’imperfection.
On peut aimer son bébé sans tout comprendre.
On peut être parent sans ressentir de “déclic”.
Et c’est toujours légitime.
💬 Ce que disent les parents
“Je me suis senti père le jour où j’ai fait le bain pour la première fois, pas à la maternité.”
“Je n’ai pas aimé mon bébé tout de suite. Il m’a fallu du temps. Maintenant je donnerais ma vie pour lui.”
“J’ai eu l’impression de naître avec elle, comme si je découvrais une partie de moi que je ne connaissais pas.”
Ces témoignages nous rappellent que le lien parental n’a pas d’heure officielle.
Il émerge. Il se cherche. Il s’ajuste.
Et il est aussi puissant dans sa lenteur que dans ses fulgurances.
🧡 En résumé
Tu n’es pas devenu.e parent le jour où ton bébé est né.
Tu as commencé à le devenir.
Et chaque jour, chaque geste, chaque fatigue, chaque sourire, chaque faille t’y ramène un peu plus.
Parce que la parentalité, ce n’est pas un rôle figé.
C’est une relation vivante. Une rencontre. Un mouvement.
Et toi, tu avances. Une parenthèse à la fois.